Immotus Verto : Le manège immobile qui fait chavirer les cœurs

… connu pour ces diverses créations vient d’achever une œuvre extraordinaire : Un monumental manège de cinq mètres de diamètre et de hauteur composé d’acier, de cuivre, de laiton, de zinc, d’aluminium. Du bois de châtaignier et d’iroko (essence exotique récupéré sur une épave de bateau il y a une vingtaine d’années), ont également été utilisés.

Une réalisation inédite qui renvoi à la magie de l esprit forain

Ce projet aussi merveilleux que rocambolesque tire son origine de l’univers, de la rêverie et de la fantasmagorie même de l’artiste. « J’ai toujours été charmé par l’ambiance des fêtes foraines de mon enfance, aimanté par la gouaille des forains, les musiques populaires, le brouhaha de la foule, enivré par le parfum des friandises, l’odeur de la poudre des baraques de tirs et émerveillé par les manèges, leurs décorations et leurs couleurs vives… C’était le lieu incontournable de la culture populaire… Un univers plein de poésie dont je ressens depuis lors la nostalgie » affirme t’il non sans une certaine émotion.

C’est donc cette nostalgie assumée qui l’a poussé à réaliser aujourd’hui ce manège unique au monde qui sera avant tout, comme la plupart de ses travaux, une œuvre sculpturale. Habitué à concevoir des pièces monumentales, l’artiste est plus que jamais dans son élément. Le terrain dimensionnel et le gigantisme de l’ouvrage ne lui sont pas inconnus et ne l’effraient pas. Homme de création et de défi, l’enjeu était également de conserver l’esprit des manèges d’antan. En effet le manège sera mu par la seule force des bras et des jambes. « La gestuelle imposée par cette mécanique nous ramène aux images douanesque de ces enfants sur leurs voitures à pédales » se plait à remarquer le sculpteur qui a d’ailleurs donné à ce manège enchanté le doux nom d’« Immotus Verto » qui signifie en latin « quoiqu’immobile je tourne ».

De nombreuses collaborations comme autant de pierres à l édifice

 Bien qu'exceptionnellement doué, Christian Cébé n’a cependant pas réalisé entièrement seul cette fabuleuse sculpture. Morgan Copete Salas et Jeffrey Ressijac l’ont assisté pour la réalisation. A la sculpture monumentale et aux sculptures plus petites sont venues également s’ajouter des bandeaux et une girouette ornés de poissons et de la poule de Wozniak. A ce sujet, le serilhacois précise ; « Comme je travaille depuis une quinzaine d’année d’après les dessins de Jacek Wozniak, également dessinateur Canard Enchaîné, nous avons décidé tous les deux de collaborer ensemble pour l’aventure, et on y retrouvera donc nos travaux ». Au niveau de la décoration , l’artiste s’est entouré de l’ussellois Christophe Serre spécialiste en matelotage pour qui la technique des nœuds et ouvrages en cordage n’a pas de secret , de la beynatoise Michèle Laffaire décoratrice et couturière officielle sur le manège et qui a conçu les tissus multicolores et enfin de la Société Quinquamat basée à Terrasson qui l’a accompagné depuis le début du projet.

Une dimension théâtrale et la création d’une association

Le manège existera en tant que sculpture mais sera aussi amené à devenir une véritable scène de théâtre. Le projet sera alors celui du voyage et du spectacle. Avec des comédiens, des musiciens et autres artistes, le manège prendra des allures de scène mobile ouverte à tout public. «Tel un vaisseau il partira à la rencontre des autres, des personnes et des lieux, sans limites, sans frontières... J’aimerai que cette machine poétique engage les femmes et les hommes embarqués à se livrer, comme sous un arbre à palabre, sur leurs souvenirs, leurs rêves… » s’enthousiasme Christian Cébé qui s’est entouré pour l’occasion de connaissances et amis : Tout d’abord Olivier Miguet, amateur de théâtre et de cinéma, hier comédien, actuellement responsable d’un organisme de formation « Culture et Expressions ». Il est en outre le président de la nouvelle l’association « Immotus Verto » dont le siège est à Beynat. Deux comédiennes, Marie-Josée Gonzalez et Diane Loiseau ont pris part au projet et sont venues en juillet mettre en place la partition théâtrale et « s’approprier la structure ». C’est également le cas du musicien François Boutibou qui apporte avec son accordéon une ambiance de fête et de bal, sous fond de mélodie aux influences venues de l’est. En marge de cette création, une animation diaporama réalisée par Adelina Kulmakhanova témoignera des différentes étapes de l’élaboration du manège et des premières répétitions théâtrales. Le texte sera de Patryk Wozniak et la musique de Pape Amath N’Diaye. Dans le même ordre d’idée un carnet de croquis dessiné par Olivia Marcus, illustratrice, retracera, au fur et à mesure, l’évolution de la réalisation du manège. Enfin Liliane Rohmer est et sera au clavier pour les écrits et l’administratif. Avec son regard frais et régulièrement posé sur les travaux de l’artiste, elle est présente pour lui faire part de ses précieuses remarques et conseils.

Une structure à découvrir le jour de la fête de la châtaigne

L’œuvre achevée dans toutes ses dimensions, technique et théâtrale, il est temps pour le public de la découvrir. C’est avec une certaine appréhension teintée d’une fierté légitime que Christian Cébé prépare donc actuellement l’échéance du dimanche 20 octobre, date de la fête de la châtaigne. A cette occasion le manège sera au cœur des animations du jour. Cette première « sortie de résidence » sera pour immotus Verto et les artistes qui le feront vivre, un véritable baptême du feu. D’ici là, les comédiennes et le musicien continuent de le pratiquer, d’apprendre à en apprivoiser les rouages et à jouer avec les différents les éléments qui le composent. Mais c’est aussi à sa « décomposition » et à son démontage que le sculpteur serihacois réfléchit actuellement car son transport, il le sait, ne sera pas une mince affaire. Encore un défi supplémentaire auquel Christian Cébé ne manquera pas de s’atteler et de relever.

.